の tātau fait de nos jours de plus en plus d’adeptes, de nombreuses cultures et de peuples, dans le temps et l’espace, ont marqué et marquent encore leur peau. Et si pour mieux comprendre cette démarche de marquer sa peau, on remontait le temps ?
On peut revendiquer que l’art du tatouage est intrinsèquement lié à la culture des îles du grand Océan par son étymologie. Ainsi le mot tattoo en anglais vient du tahitien tātau, qui signifie marquer, dessiner どこ frapper. On retrouve le mot tātau dans tout le Pacifique : de Samoa à Tokelau en passant par Aotearoa (NZ). Kaakau sera utilisé à Hawai’i et Taatau aux Tuamotu. Le docteur Berchon, traducteur du deuxième voyage de Cook vers Tahiti en 1772, employa pour la première fois le mot tattoo ; le mot sera ainsi francisé en » tatouage « . Et devient le mot universel pour désigner cet art.
Pour mieux comprendre la conception du monde polynésien, il est important de comprendre d’abord le sens des mots : tātau = tatouage, tā = instrument pour tatouer, frapper, écrire. Tau = habitué, expérimenté, temps, époque, période, réciter.
L’origine du tatouage nous transporte au temps des Dieux dans le pō, l’espace des divinités, des esprits, des ancêtres.
Matamata-Arahu, est l’inventeur de l’aspect décoratif du tatouage. Il est aidé par deux dieux, Tu-Ra’i-Pō et Ti’iti’i-Pō ceux sont des artisans du dieu Ta’ere, qui n’est autre que le dieu des artisans, de l’habileté suprême, source de toutes les connaissances.
Ils réussirent à libérer Hina-’Ere’ere-Manu’a qui était enfermée par ses parents qui ne sont autres que les premiers êtres humains sur terre, Ti’i et Hina. Pour la séduire, Tu-Ra’i-Pō et Ti’iti’i-Pō lui montrèrent leurs jolis dessins sur leurs corps. La jeune fille tomba sous le charme et les suivit.
La société polynésienne est essentiellement orale, cependant le tātau pourrait s’apparenter à une forme d’écriture, recensant autant de motifs que de personnes qui en portent, car il y a environ 20 000 îles dans l’océan Pacifique, dont la plupart ont leurs propres traditions du tatouage. Véritable pièce d’identité, le tātau témoigne du rang social de la personne qui le porte, permettant de connaître sa généalogie, de poser ses attributs, de représenter les étapes importantes de sa vie. Et selon l’archipel dont il était originaire, le tātau avait des symboles et des significations différentes. Le tātau permettait donc de situer l’individu dans son espace et sa temporalité.
Longtemps pratiqué et pourtant abandonné depuis le début du XIXème siècle, il faudra attendre 1982 pour voir réapparaître l’art du tātau à Tahiti, notamment grâce à Tavana Salmon. Entouré de tatoueurs samoans, ils mettront à l’honneur cet art oublié lors de la fête du Tiurai. Tavana raconte sa plus grande contribution à la culture : “ Il fut un temps où plus personne n’était tatoué, et j’avais ce rêve de faire revivre le tatouage… Aux temps anciens, les Tahitiens étaient les gens les plus tatoués de Polynésie, plus que les Marquisiens, plus que les Maori, sauf qu’ils ne tatouaient pas leur visage. Les Tahitiens se tatouaient surtout pour la beauté, ils n’aimaient pas voir une peau sans tatouage… »
La qualité unique du tātau était sa nature sacrée, son mana. D’ailleurs, certains motifs tels que des animaux ou plantes protégeaient l’homme contre la perte de cette puissance. Porter un tātau, c’est honorer ses ancêtres. Il y a toujours une signification profonde et une histoire derrière chaque motif. Il est donc très important de prendre le temps de discuter avec son tahu’a tātau, son expert tatoueur qui jugera bon ou pas de vous laisser porter tel ou tel motif, il vous guidera au mieux. Car le tātau reflète l’âme de celui qui le porte et aussi de celui qui l’appose.
Références bibliographiques :
Les Marquisiens et leur art – Le Tatouage, de Karl von de Steinen, www.auventdesiles.pf
Farevana’a
Vallée du Tatouage, www.tahitiheritage.pfwww.hiroa.pf